Je reproduis ci-dessous le texte du courrier que j’ai adressé au Premier Ministre le 5 mai au sujet de la réouverture des plages
Monsieur le Premier Ministre,
Lors de votre présentation de la stratégie nationale de déconfinement devant le Sénat le 4 mai dernier, vous avez indiqué que de nombreuses solutions se trouvaient au plus près du terrain. Je partage ce constat. Il est capital d’associer ceux qui, par leur connaissance fine des réalités locales, peuvent accompagner les étapes d’un déconfinement progressif, comme les élus et les acteurs du tissu associatif local.
Vous avez été déjà saisi par de nombreux parlementaires et responsables d’association de l’épineuse question de la réouverture des plages. Je voudrais à nouveau attirer votre attention sur cet enjeu crucial qui touche les communes du littoral. Les conséquences de la fermeture de ces plages sont, certes, économiques et sociales mais surtout de santé publique.
Le 11 mai prochain, les forêts, parcs nationaux, lacs, rivières et montagnes, mais aussi les parcs de ville, seront accessibles à la pratique sportive individuelle. Il s’agit d’une attente forte de nos concitoyens, qui après huit semaines de confinement, aspirent dans le respect de consignes sanitaires strictes à de l’exercice physique, essentiel à l’équilibre et au bien-être de chacun.
Ces lieux de plein air seront ouverts, mais pas les plages.
Or, si les plages constituent une attractivité touristique évidente lors de la saison estivale, elles sont avant tout, pour les habitants de ces territoires, leur espace naturel privilégié tout au long de l’année, là où ils viennent s’aérer, se ressourcer, ou encore pratiquer la marche, la course à pied, la natation, le surf, la voile et le sauvetage côtier.
A ce titre, le maintien de la fermeture de notre littoral suscite l’incompréhension de nos concitoyens, des fédérations et clubs sportifs, ainsi que de nombreux élus locaux.
Cette mesure vise selon le Ministre de l’Intérieur à empêcher un afflux de touristes sur les littoraux avec le retour des beaux jours et notamment lors des nombreux jours fériés du mois de mai.
Cependant, l’interdiction des déplacements dans un rayon de plus de 100 kilomètres limite fortement de fait de tels mouvements de population.
De plus, dans ma circonscription, la fermeture de la frontière avec l’Espagne empêche l’arrivée de touristes frontaliers. Je note d’ailleurs que les plages espagnoles sont à nouveau accessibles au public depuis le 2 mai.
Les plages, par les espaces qu’elles proposent, permettent de respecter l’indispensable distanciation physique. Comment comprendre que la pratique sportive en club à l’extérieur sera autorisée pour des groupes de moins de dix personnes, et pas celles en lien avec les plages ?
Il est possible de limiter les concentrations de personnes en imposant un accès contrôlé à certaines plages remplissant des critères qui sont à définir. A titre personnel, je considère que durant cette période de déconfinement, la plage ne doit pas redevenir ce qu’elle était avant. “Pas de parasol ni de serviette sur le sable mais réouvrons l’accès à la mer !”. Les points d’entrée devront être strictement encadrés par des passages balisés. Les petites plages de ville pourraient par exemple être exclues du dispositif. Les clubs et associations sportives sont disposés à une participation active et solidaire dans la gestion de ces espaces naturels, la responsabilisation de ses usagers, en lien avec les maires et les services de l’Etat.
Cette ouverture limitée et conditionnelle permettrait également aux communes, associations sportives et sauveteurs, de tester des procédures qui pourraient être ensuite déployées à plus grande échelle, dans la perspective de la saison estivale si les conditions sanitaires le permettent. Cette régulation à l’accès des plages et à la pratique des sports nautiques sera indispensable dans les mois à venir.
Des professionnels de santé nous alertent également des effets délétères du maintien d’une interdiction d’accès aux activités sportives en lien avec l’océan. Cet espace naturel est dans certains cas un outil thérapeutique essentiel, pour plusieurs pathologies physiques ou psychologiques, comme l’autisme par exemple.
Vous n’ignorez pas enfin que pour les communes du littoral, de nombreuses activités sportives proposées dans le cadre scolaire ou périscolaire sont en lien avec le milieu maritime. Un accès régulé aux plages permettrait en lien avec les éducateurs sportifs et les associations, de proposer des activités aux élèves qui ne seraient pas encore en classe, du fait de l’alternance imposée par la reprise progressive des cours.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette demande largement partagée par nos concitoyens vivant à proximité du littoral. Ils ont dans leur plus grande majorité démontré leur sens des responsabilités et leur civisme durant la période de confinement.
Comme vous l’avez si justement souligné dans votre discours au Sénat, le déconfinement ne peut se faire sans un acte de confiance collective. Vous l’avez largement illustré en sollicitant les élus et acteurs locaux dans la stratégie présentée. Il importe d’entendre leurs propositions.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération
Copie à :
Christophe CASTANER, Ministre de l’Intérieur
Roxana MARACINEANU, Ministre des sports
Laurent NUNEZ, Secrétaire d’Etat
Fabienne BUCCIO, Préfète de Nouvelle-Aquitaine
Alain ROUSSET, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine