A cours de mes deux premières années de parlementaire, j’ai souhaité défendre une vision plus décentralisée de nos politiques publiques. Nous avons des lacunes, tant dans l’accompagnement de l’Etat au plus près des territoires que dans la défense des langues et cultures régionales.
J’ai la conviction que les collectivités locales sont la cellule de base incontournable de l’Etat dans la vie quotidienne des Françaises et des Français . Véritables relais sur le terrain, elles incarnent la proximité à laquelle nos concitoyens sont tant attachés. J’en veux pour preuve l’opinion favorable vis à vis de nos maires. Nous devons les accompagner en les responsabilisant, en leur disant : « nous vous faisons confiance ! ».
Pour cela, le Conseil d’Etat du 1er mars 2018 donne un avis favorable à la différenciation des compétences des collectivités territoriales relevant d’une même catégorie et des règles relatives à l’exercice de ces compétences. Je partage cet avis ! Nous devons mettre en place deux innovations majeures pour les collectivités territoriales : l’introduction d’un droit à la différenciation de compétences, sans passer au préalable par l’expérimentation – et donc trouver une alternative aux difficultés actuelles d’une généralisation à tous les territoires ou son abandon pur et simple.
Malheureusement interrompus l’été dernier, les débats sur la révision de la Constitution n’ont pas repris. Je reste vigilant sur ce dossier et travaille avec les collectivités de ma circonscription pour, dès que possible, nous puissions mettre en place de ce dispositif. Ainsi, nous respecterons la parole du Président de la République lors de son discours devant le Congrès des maires qui promettait de « conférer aux collectivités une capacité inédite de différenciation, une faculté d’adaptation des règles aux territoires et pouvoir, le cas échéant, aboutir aussi à des transferts aux collectivités pour une répartition plus efficace. »
Dans ce que j’appelle le « nouveau pacte girondin », nous devons également rendre la place qui est la leur aux langues et cultures régionales. L’État doit assurer les conditions de son enseignement. Ancien président de l’office de la langue basque, je me bats aujourd’hui en tant que parlementaire pour que l’immersion linguistique des classes maternelles se développe et pour la formation et le recrutement d’enseignants en nombre suffisant afin d’accompagner le dynamisme des langues régionales. Il s’agit, aussi de favoriser toutes les actions qui permettront d’assurer la pérennité de ce patrimoine français en facilitant l’usage quotidien de ces langues dans la vie sociale (médias, écriture…).
Le Parlement doit traduire cette volonté par une exigence constitutionnelle s’il souhaite donner tout son sens à l’article 75-1 de la Constitution. Sans garantie d’apprentissage et d’usage, ces langues risquent un jour de disparaître et, avec elles, un pan entier du patrimoine culturel français. Je demande également à inscrire dans la Constitution à l’article 59 la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires afin de tenir un engagement de la France lors de sa signature le 7 mai 1999.
Ne nous voilons pas la face. L’Etat est responsable de la lente agonie des langues régionales. Fort d’un héritage jacobin il voyait il y a encore peu de temps dans celles-ci son ennemi. Aujourd’hui, il lui revient de garantir l’usage et l’apprentissage de ces langues reconnues comme patrimoine culturel de la France par la loi.