Aujourd’hui, certains de nos concitoyens vont exprimer leur mécontentement face aux transformations profondes que traduisent les ordonnances pour le renforcement du dialogue social. Certains dénonceront des mesures qu’ils trouvent injustes socialement, d’autres pointeront une méthode qu’ils jugent anti-démocratiques.
Pourquoi recourir aux ordonnances plutôt qu’aux débats et votes classiques au Parlement ? C’est qu’il y a urgence économique et sociale : la France est malade de son chômage. Et derrière les statistiques, ce sont des milliers de femmes et d’hommes qui se retrouvent en situation d’exclusion. Nos concitoyens ont majoritairement donné à Emmanuel Macron mandat, non pas de diminuer par des mesures conjoncturelles un chômage endémique, mais bel et bien de réformer notre modèle économique et social. Et ils souhaitent, à juste titre, des résultats concrets rapidement. Nous ne pouvons nous payer le luxe de débats stériles où trop souvent l’idéologie l’emporte sur le pragmatisme, les effets de manche sur l’efficacité au service des français. Nous ne pouvons diviser encore plus les français par des formules à l’emporte-pièce, faciles et surannées, parfois d’une inspiration douteuse. Comment peut-on proclamer que ces ordonnances sont un coup d’état social, alors qu’elles s’appuient sur notre Constitution garante de nos principes républicains ?
Saluons ici, comme l’ont fait les organisations syndicales et patronales, la méthode retenue par le gouvernement : 48 réunions de concertation avec le patronat et les syndicats ont été réalisées entre le 12 et 25 juillet 2017. Le Parlement s’est exprimé en votant pour cette loi d’habilitation. D’ultimes discussions et ajustements avec le patronat et les syndicats ont lieu à la fin du mois d’août. Le gouvernement a fait la synthèse de ces travaux et les a présentés aux français. On ne peut accuser, comme on l’entend parfois, le pouvoir exécutif de déni de démocratie.
Les ordonnances promulguées s’appuient sur un diagnostic précis et réaliste de notre modèle économique et social, où tous les acteurs se sont exprimés. L’objectif est de donner plus de pouvoir à ceux qui sont sur le terrain, salariés et employeurs, pour trouver des voies de convergence dans le développement du dialogue social.
Ces ordonnances ne proposent pas un nouveau modèle social. Il n’y aura pas de promesses de Grand Soir. Le Président de la République, le Premier Ministre et son gouvernement transforment notre pays avec pragmatisme, en actant une situation une situation bien réelle, dont on peut se lamenter ou se réjouir, mais qui est un fait: 96% des TPE PME n’ont pas de représentants du personnel ou de représentants syndicaux, et donc ne négocient pas.
Or, l’expérience nous montre qu’une entreprise où salariés et patrons négocient est une entreprise compétitive, qui embauche. Une entreprise qui négocie est une entreprise où les salariés s’épanouissent et où les accidents du travail, les burn-out ou l’absentéisme sont bien moins élevés que la moyenne.
Ces ordonnances pour le renforcement du dialogue social ont pour vocation d’assurer la convergence de l’économique et du social dans l’entreprise, pour une meilleure sécurisation des parcours professionnels de l’ensemble des salariés et pour améliorer la compétitivité de nos entreprises.
Notre modèle de croissance actuel fournit moins d’emplois que la moyenne des pays de l’OCDE. L’année dernière, nous avons créé 200 000 emplois. Mais pour rester au même niveau de chômage, nous avons besoin de 120 000 emplois supplémentaires. Cela s’explique par le taux de natalité élevé en France, ce qui est une force pour notre pays !
En affirmant que l’Etat ne reculera pas devant les manifestations, le premier ministre ne fait ici que rappeler un principe simple, jadis pensé par Rousseau: la volonté générale n’est pas celle de la rue. Le pacte social qui fonde notre modèle républicain suppose que chaque sujet se soumette aux lois qu’il a lui-même voulu.
Le suffrage universel n’a pas retenu le projet de sixième République que portaient les Insoumis. Notre cinquième République prévoit le recours aux ordonnances. Le Président Emmanuel Macron utilise ce dispositif législatif dans l’intérêt général, pour répondre à une situation à propos de laquelle certains disaient que « l’on avait tout essayé ». Non, nous n’avons pas tout essayé. Le gouvernement et son Premier Ministre empruntent une voie inédite, pragmatique pour répondre à la préoccupation majeure de nos concitoyens : le chômage.
Ce véritable défi pour transformer notre pays nous contraint à rénover notre modèle social et économique pour permettre à chacun d’avoir un travail, condition première pour que notre belle devise républicaine ne soit pas de vains mots.